Dakar: la société civile marche pour la réciprocité des visas

Une mobilisation citoyenne pour une mobilité plus juste

Dakar – Des organisations de la société civile sénégalaise ont organisé, ce dimanche 14 décembre 2025, une marche-randonnée pour dénoncer les difficultés et les tracasseries liées à l’obtention de visas auprès des ambassades établies au Sénégal. Partie du Centre Ahmadou Malick Gaye de Bopp, la mobilisation a traversé Colobane, les HLM et le marché de Colobane, l’un des plus fréquentés de la capitale.

« Le visa est un droit » : des slogans sans équivoque

Tout au long du parcours, les marcheurs ont scandé des messages forts. Sur les pancartes, on pouvait lire : « Oui à la réciprocité des visas », « Visas accessibles, migration sécurisée », « La mobilité est un droit » ou encore « La réciprocité est une exigence ».Pour les organisateurs, ces slogans traduisent une revendication claire : l’accès équitable aux visas pour les citoyens sénégalais.

Mansour, migrant de retour : le récit d’un parcours brisé

Parmi les manifestants, Mansour, migrant de retour, a livré un témoignage bouleversant.« J’ai tenté à cinq reprises d’obtenir un visa pour rejoindre l’Europe. Faute de réponse favorable, j’ai emprunté d’autres routes : le désert, la Libye », confie-t-il, la voix tremblante. Son récit met en lumière les risques encourus par de nombreux jeunes confrontés aux refus de visa.

Le soutien d’autorités publiques

Présente au départ de la marche, l’ancienne ministre des Sénégalais de l’Extérieur, Ngoné Ndoye, présidente Fondatrice de l'ONG FEMIDEC qui a aujourd'hui 10ans et qui est membre fondatrice de la PlateForme "Campagne visa pour tous" a donné le coup d'envoi de la marche randonnée. Dans son discours inaugural, elle lance ces mots « Un visa devrait célébrer la diversité et non la restreindre. Le visa est un droit fondamental », a-t-elle déclaré, appelant à faire des visas « des ponts et non des murs ».

La réciprocité, une question de dignité

Pour Fambaye Ndoye, du Réseau d’appui des femmes et enfants migrants, la revendication dépasse le simple cadre administratif.« La réciprocité, c’est la dignité. On ne peut pas accepter qu’une nation soit privée du droit au visa », affirme-t-elle.

La société civile promet de maintenir la pression

Au nom du Collectif des organisations de la société civile pour la refondation de l’octroi des visas, Bêty Lokho Faye exprime son inquiétude.« Les Sénégalais rencontrent d’énormes difficultés pour obtenir un visa, alors que le Sénégal, pays de la Teranga, accueille chaque année des milliers de ressortissants étrangers », rappelle-t-elle.

Dans une déclaration lue en wolof, Senghane Senghor annonce la poursuite de la mobilisation.« Nous avons manifesté l’an dernier pour la même cause. Nous continuerons à interpeller les autorités », prévient-il.

Une campagne qui s’inscrit dans la durée

De son côté, Fatimata Sy, directrice du Centre Ahmadou Malick Gaye de Bopp, souligne la constance de l’engagement.« C’est la troisième manifestation organisée dans le cadre de la campagne “Visa pour tous”. Le combat se poursuit pour l’assouplissement de l’octroi des visas », précise-t-elle.

Une revendication portée par la rue

À travers cette marche pacifique, les organisations de la société civile entendent replacer la question de la réciprocité des visas au cœur du débat public. Pour elles, la mobilité internationale ne doit plus être un privilège, mais un droit fondamental fondé sur l’équité et le respect mutuel. Crédit photo/@remidev